À partir du 1er janvier 2025, la BCAE 2 « Protection des zones humides et tourbières » sera mise en application en France. Il s’agit de l’une des 9 bonnes conditions agricoles et environnementales (BCAE) à respecter dans le cadre de la conditionnalité de la Politique agricole commune.
Cette BCAE 2 repose sur une cartographie des zones humides à l’échelle nationale. Cependant, la cartographie retenue par le Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire (MASA) et le Ministère de la Transition Ecologique et de la Cohésion des Territoires (MTECT) n’est qu’un pâle reflet de l’état des connaissances sur ces milieux, et couvre seulement 0,75 % des terres agricoles.
La Fédération des Conservatoires d’espaces naturels s’est associée à de nombreuses têtes de réseau et organisations nationales pour alerter le MASA et le MTECT sur les lacunes très importantes que comporte la méthode proposée. Elle ne sélectionne qu’une très petite proportion des zones humides présentes en France hexagonale.
Concernant les tourbières (zones humides particulièrement riches en biodiversité, mais aussi puis de carbone), malgré une grande connaissance de ces milieux obtenue grâce à l’investissement de fonds publics français ET européens conséquents depuis plusieurs décennies, la méthode fait l’impasse sur quasiment toutes les tourbières présentes en milieu agricole !
Cette méthode passe totalement à côté de son objectif de protection des zones humides et des services précieux qu’elles rendent à la société, mais aussi à l’agriculture et l’agriculteur : ressource en eau, lutte contre les sécheresses, celles-ci ayant des impacts toujours plus importants sur la production agricole, l’atténuation du changement climatique grâce au stockage de carbone…
Protéger les zones humides, c’est garantir la production agricole de demain, nous en sommes persuadés, ainsi que bon nombre d’agriculteurs partenaires des Conservatoires sur le terrain.
Pour encourager massivement les agriculteurs qui font face à de très nombreuses difficultés et aléas dans l’exercice de leur métier, la conditionnalité ne peut que constituer un socle minimal de protection. Cette politique doit se situer en appui des agriculteurs via des incitations financières crédibles (écorégime, MAEC, PSE…), dans l’accompagnement personnalisé, le conseil et la formation, ce à quoi le réseau des Conservatoires d’espaces naturels contribue depuis plus de 30 ans.
Pour aller plus loin :
- Le ministre de l’Agriculture réduit à 0,75 % les zones humides protégées, Reporterre, 16 septembre 2024